Crédit Couverture : Image par Mark Frost de Pixabay. -

Je naquis dans les profondeurs d’une caverne humide, entourée d’or et de bijoux, mais aussi de squelettes et d’armures rouillées. Je me souviens avoir émergé dans cette grande salle grise, baignée par un puit de lumière. C’était la première fois que je voyais le ciel, et la première chose que j’ai jamais vu. Je me souviendrai toujours de cette vue. Alors que j’étais encore hébétée par mon apparition soudaine, j’entendis une voix. Une voix puissante et tonitruante, qui résonnait dans ma tête, à l’intérieur de mon esprit. Cette voix était accompagnée par une odeur bestiale insupportable :

« Ça alors… Regardez qui est apparue dans ma demeure. »

Le simple fait d’entendre cette voix me donna envie de me terrer encore plus profond sous terre. Si j’avais eu un véritable corps, peut-être aurais-je chercher à me recroqueviller. C’est d’ailleurs ce que j’essayai de faire. Mais ma tentative impossible sembla faire rire la bête qui s’adressait à moi.

« Inutile, petite arme… Tu n’as pas de jambes pour courir. »

C’est à ces mots que j’ai alors saisit ce que j’étais. Une épée. Une arme consciente. Sur le moment, cela me sembla une évidence, ce n’est que plus tard que je compris vraiment ce que j’avais de vraiment unique. Même si la créature que je ne voyais toujours pas, me l’apprit aussitôt.

« Je suis flattée de savoir que c’est dans ma tanière qu’est née une arme pensante. On vous prête d’ordinaire la propriété de vous éveiller au contact d’êtres à la puissance exceptionnelle. J’apprécie ce compliment des Dieux. »

C’est à ce moment que la bête se pencha vers moi, et que je pus la voir. Elle était immense, surtout par rapport à moi. Un fauve massif, dont la crinière était décorée d’une dizaine de gueules déformés et haletantes, qui chassaient l’air et les poils qui passaient à leur portée. L’énorme créature déposa une de ses pattes lourdes et écailleuses sur moi. Je sentis ma lame grincer sous le poids de la créature. Il souffla, faisant virevolter tous les objets, armures et joyaux pour créer un espace vide autour de moi. J’avais de la valeur à ses yeux.

« Tu as l’air perdu petite arme… On raconte que vous venez au monde avec une partie de la force de la chose qui vous a engendré. Si j’en crois ces histoires, tu dois être une arme de première classe. Tu enrichis grandement ma collection… »

Perdue, je l’étais totalement à cet instant. Je n’avais aucun mal à m’imaginer être une arme, qu’une épée puisse avoir un esprit ou même qu’une bête puisse parler, du moins par télépathie. Même l’idée d’avoir hérité des capacités de ce monstre ne me sembla pas étonnante. Mais pour le reste… j’essayais d’ordonner les idées de mon esprit.

 

C’est alors qu’un son s’éleva au loin, des grognements et des bruits de course. Je recentrai mon attention vers la source du bruit : un tunnel qui débouchait dans cette salle. La bête perçut aussi ce son. Elle se retourna, allant à la rencontre des choses qui arrivaient en courant. 3 loups anthropomorphes déboulèrent dans la salle et s’arrêtèrent net devant la gueule de la bête. Tiens ! Je savais ce qu’était un loup… C’est plus ou moins à ce moment que j’arrêtai de relever ce genre de chose. On m’avait offert des pouvoirs et des savoirs. J’allais apprendre à composer avec.

Les nouveaux arrivants étaient apeurés, jetant des regards effrayés derrière eux. Impossible de savoir si c’était à cause du danger qu’il fuyait, ou la bête qui leur barrait la route. Surement les 2. Le maitre de l’antre hurla au visage de ses sous-fifres de retourner dans les couloirs défendre sa tanière. L’air sembla s’alourdir d’un coup tandis que la prestance de la bête augmentait. Il cherchait à dominer ses laquais en usant de ses capacités mentales.

Malgré les capacités de la bête, ses serviteurs restèrent immobiles. Ils refusèrent en silence de suivre l’ordre de leur maître. Celui-ci libéra son emprise mentale sur eux. Alors que cette pression ne m’était pas adressé, je pouvais la sentir de l’autre bout de la pièce. Il soupira longuement de sa tête principale, puis il inspira profondément. Tous les visages qui décoraient sa crinière firent de même. Il poussa alors un hurlement qui fit trembler les murs. Les 3 pauvres créatures qui lui faisaient face prirent leur tête dans leur main. Ils agonisaient, essayant de prier la bête d’arrêter, mais ils n’arrivaient pas à articuler un seul mot. 2 d’entre eux finirent par tomber, inertes. Malgré la distance, j’étais persuadée qu’ils étaient morts. Le dernier essaya de résister un peu plus longtemps. Cela sembla surprendre la bête, car elle relâcha son emprise psychique. Avant de le balayer d’un simple coup de patte qui l’envoya s’écraser contre la paroi de la caverne.

La bête fit demi-tour et revint vers moi. Elle étira son dos, faisant rouler tous les muscles que l’on pouvait deviner sous sa peau recouverte d’écailles par endroits. Cet animal était une chimère, une tentative étrange de la nature d’innover en assemblant tout un ensemble de caractéristiques qui arrivaient à cohabiter grâce à autre chose que le bon sens biologique. La chimère se dressa entre moi et l’entrée de la grotte. Il attendait quelque chose. Surement la chose qui avait tellement effrayé ses laquais qu’ils avaient préféré l’affronter plutôt que revenir sur leurs pas. La curiosité me tiraillait, et je maudissais mon incapacité à pouvoir me déplacer pour avoir un meilleur angle de vue.

3 hommes déboulèrent avec fracas dans la caverne. Ils étaient tous vêtus différemment. L’un portait une armure imposante et scintillante, une épée dorée en main. Un autre cachait sa frêle corpulence derrière des vêtements pourpres plutôt amples. Le dernier, tout aussi fin, était couvert d’une armure serrée et tellement sombre qu’il m’était difficile de réellement estimer sa taille et sa forme. Le trio se figea brièvement en apercevant la créature au moins 2 fois plus grand qu’eux, mais passa à l’action la seconde suivante. Le guerrier d’argent s’élança directement sur son adversaire, tandis que son compagnon vêtu de noir tentait de le contourner. Le dernier commença à psalmodier à mi-voix des paroles incompréhensibles. Le combat avait commencé. La bête attaqua le guerrier qui arrivait à au moins dévier les coups de la créature. Cette dernière fouettait l’air avec sa queue, essayant d’atteindre celui qui essayait de le prendre par derrière en farfouillant son butin. Dès le début du combat, tout le monde donnait son maximum. Quoi que j’eusse des doutes vis-à-vis de la bête qui n’avait recours qu’a des attaques physiques pour l’instant.

Je sentis quelque chose s’élever de l’homme en rouge : une forme d’énergie, similaire à celle que libérait la bête. Celui-ci sembla aussi percevoir cette énergie étrange, car il se figea et observa le vieil homme en train de préparer son attaque. Le guerrier bloquant sa route, il n’allait pas frapper directement. Après quelques instants de flottement, je sentis mon esprit vibrer. Près de la tête de la bête, je vis l’air se tordre, comme si la réalité formait un pic acéré. Ce pic fusa de la bête vers l’homme en tunique qui hurla quand il reçut le coup. Des gerbes de flammes incontrôlées s’échappèrent de ses mains. Il essaya de les placer sur ses tempes, mais certains des résidus du sort qu’il préparait le touchèrent, commençant à mettre feu à ses cheveux. Il essaya de calmer les flammes, mais vacilla et tomba sur le sol, inconscient. Les 2 autres humains se retournèrent vers leur compagnon à terre, enragés et effrayés. La bête ria. Un long et profond gloussement s’échappa de sa gorge, mais j’entendis un rire tonitruant et vainqueur dans mon esprit. Profitant de la stupéfaction de ses ennemis, il acheva le mage d’un coup de queue qui l’écrasa dans un fracas horrible.

A ce moment, je compris que les 2 humains n’avaient pas beaucoup de chances face à cette créature. Ils allaient surement devoir fuir. C’était une chance à saisir. Si je pouvais attirer leur attention, peut-être pourraient-ils m’aider à sortir de cet endroit. L’idée de rouiller dans une caverne n’était pas des plus séduisantes. J’essayais de me souvenir comment la bête avait fait… Tentant de l’imiter, je tentai d’attirer l’attention des humains.

« Hé ! Ici ! Au sol ! Récupérez-moi ! »

Aucune réaction.

« Je peux défaire ce monstre ! »

J’entendis la créature glousser de nouveau, surement à mon égard. Il se moquait de ma tentative. Mais c’est alors que je remarquai l’un des 2 humains, celui vêtu de noir, s’approcher de moi. Je ne l’avais pas vu, tout comme la bête, trop concentré sur son affrontement avec le guerrier.

« Ici ! » tentais-je de crier, sans avoir recours à la télépathie.

« Qu’est-ce que… Une arme pensante ?! » Le voleur s’élança vers moi et me saisit. C’est une impression étrange que celle d’être maniée, mais on s’y fait vite. La bête toujours occupée, je tentai de parler rapidement avec mon porteur, espérant qu’il puisse m’entendre.

« Aidez-moi à sortir de là ! Je suis une arme pensante créée par cette créature. Je peux vous aider à la défaire, si vous m’aidez à sortir de cette caverne ! »

Les yeux du voleur brillèrent. Je fus soulagée de savoir, qu’en effet, il pouvait m’entendre.

« Une arme pensante… Incroyable ! Tu dois être extrêmement puissante ! Un artefact très rare… et cher… 

- Concentre toi humain ! La bête est dangereuse !

- Calme-toi bout de métal, je m’en occupe. »

C’est à ce moment que mon gardien se retourna. Voyant son trésor entre les mains du voleur, il hurla, m’incitant à ne pas laisser un humain cupide poser ses mains sur moi. « Un comble ! » ais-je alors pensé. Voyant que je ne réagissais pas. La bête s’élança vers nous. Le voleur me leva pour essayer de parer la charge du monstre. Je savais que c’était une folie, il fallait esquiver.

« Bouge de là ! Tu ne pourras jamais encaisser ça !

- Bien sûr que si ! Avec toi devant moi, je pourrais survivre !

- NON IDIOT ! »

Cet imbécile ne voulait pas bouger. Je le priais, essayant de communiquer oralement et mentalement avec lui. Le monstre sauta vers nous, une rage vive dans les regards de tous ses visages. Finalement, dans un élan brusque, je sentis le corps de mon porteur se recroqueviller et bondir sur le côté, évitant de peu l’amas de poil et de griffes qui atterrit avec fracas dans l’or et les armures rouillées qui ornaient le fond de la salle.

« Qu’est-ce que tu m’as fait ! hurla le voleur. Je ne voulais pas sauter ! »

Je venais sans m’en rendre compte de me découvrir une nouvelle capacité, que je laissai vite dans un coin de mon esprit en apercevant la bête se redresser, la gueule fumante. Le voleur et le guerrier se rapprochèrent, pour faire face à la chimère. De toute évidence, ils ne voulaient pas encore battre en retraite. Quelle folie !

Je vis la chimère gonfler son ventre de nouveau. Je n’eu pas le temps de prévenir les 2 héros de l’attaque qui arrivait et pour laquelle j’essayais de me préparer. Un nouveau hurlement, encore plus puissant et qui fit trembler tout mon être, résonna dans la caverne, persistant de longues secondes. Nous étions tous 3 paralysés. Je sentis que mon porteur commençait à flancher, son esprit perdant de la puissance très rapidement. Peut-être était-ce l’opportunité qu’il me fallait ! Profitant de la faiblesse d’esprit de l’humain, j’essayai de nouveau de m’imposer à son esprit pour prendre le contrôle de son corps comme je l’avais fait plus tôt.

Passer du contrôle d’une arme inerte à un corps avec 4 membres et une sensation très étrange. Encore plus à cause de la double perception que cela octroie. On m’a déjà demandé ce que cela fait et je n’arriverai jamais à le décrire autrement que : imaginer gagner 2 paires d’ailes qui bougent toute seules si vous ne vous concentrez pas entièrement sur elles. C’est très déroutant…

La bête s’élança de nouveau vers nous. Transposée dans ce corps frêle et instable, j’essayai de sauter comme je l’avais fait plus tôt. Mais mon corps sauta aussitôt, s’écroulant lamentablement sur le sol devant la bête. J’eu juste le temps d’entendre le guerrier crier :

« Verass ! Non ! »

Puis ce fut le son sourd de mes propres os en train de se faire broyer par le corps lourds du monstre qui envoya ensuite voler le guerrier, encore incapacité par l’attaque mentale. Ainsi, je me retrouvai de nouveau dans mon corps métallique, gisant à côté d’un corps écrasé et de l’armure en miette du guerrier étincelant, le dernier héros en vie à présent. Le calme sembla momentanément tomber sur la pièce. Je sentis le regard de l’homme peser sur moi. Son arme a lui était en miette, déchirée par la force destructrice de la bête.

« Ce n’était plus Verass… Il était sous ton emprise. » Il semblait avoir compris beaucoup de choses en très peu de temps. A cette époque, j’ignorais encore l’expérience qu’il avait avec les armes pensantes.

« Tu es puissante… Cela ne m’enchante pas, mais je n’ai pas vraiment le choix. »

Dans un bond étonnant malgré son armure, il s’élança vers moi et me saisit. Il tira un coup sec pour m’arracher à l’emprise du cadavre et fit face au monstre qui semblait à présent se complaire dans l’impuissance de sa proie. Nous échangeâmes quelques mots rapides. Notre ennemi bloquant la seule issue, nous étions obligés de nous battre. Nous nous élançâmes vers lui avant qu’il ne fasse quelque chose.

Le duel était intense, chaque coup que nous portions était paré aisément par notre adversaire, tandis que chacun des siens requérait toute la force de mon porteur pour qu’il ne soit pas envoyé dans le décor. Finalement, il se résigna à encaisser tant bien que mal. Ou plutôt, à me laisser encaisser. Je sentais les griffes du monstre me lacérer, me tordre et m’abimer. De l’extérieur, on ne pouvait pas le voir, mais je sentais ma lame se fragiliser lentement. Malgré mes demandes, mon nouveau porteur refusa de faire autre chose que parer. J’essaya de m’imposer à son esprit, mais fut refoulé aussitôt. Il était bien plus coriace que je ne le croyais. Finalement, mes lamentations furent remplacées par le crissement sourd de ma lame qui commençait à céder. J’avais l’impression d’être lacérée par un milliers d’aiguilles.

La bête eut un mouvement de recul. Elle prenait son élan pour une attaque plus puissante. Je priais mon porteur de ne pas prendre ce coup, essayant de tordre mon corps ou mon manche pour qu’il me lâche. La patte griffus partit vers nous. C’est alors qu’au moment de l’impact, je sentis le guerrier m’éloigner du danger. Il prit le coup de plein fouet et nous furent projetés en arrière. Je ne l’avais pas forcé à faire ce mouvement.

Mon guerrier recouvert par les débris, je vis la bête s’approcher de nous lentement. Elle grognait, l’air satisfait, toutes les têtes de sa crinières feulant à mon attention.

« Alors petite arme… Pourquoi chercher à partir ? Les humains sont faibles et cupides. Ils ne t’apporteront rien. »

J’appris bien plus tard qu’elle avait raison. Une arme pensante développe ses capacités au contact de la créature qui l’a engendré. En restant dans cette grotte, j’aurai surement pu attendre son niveau de maitrise, devenir capable de contrôler n’importe quelle entité par ma seule pensée et imposer ma volonté à tout humain qui me manierait. Mais cela me demandait de rester enfermée, immobile, dans cette grotte au plafond trouée, incapable de m’en échapper. Même en sachant ce que j’ai raté, je ne regrette pas du tout la décision que j’ai prise à cette époque.

Le guerrier me serrant toujours fermement, mais son esprit vacillant, je profitai de cette ouverture pour m’immiscer dans son esprit. Cela fut facile. Et ainsi je me retrouvai de nouveaux aux commandes d’un corps humain. Ce corps-ci était plus fort, plus solide. J’arrivais plus facilement à trouver mes appuis. La bête siffla, se repliant sur elle-même, prête bondir.

« Tu tiens à peine sur ces jambes… Il y a des limites à ce que leur corps et leur esprit peut supporter. Alors que les autres créatures du monde sont variées et aux capacités bien plus intéressantes. Libère toi et laisse-moi écraser cet intrus ! »

Mon jeune esprit vacilla, le corps du guerrier manquant de basculer, déséquilibré par une armure à moitié détruite. C’est alors que du fond de mon esprit s’éleva la voix de celui que j’avais remplacé dans ce corps :

« Ordure… Elle a tué Verass et Akobo. Je ne peux pas la laisser en vie... Je te fais confiance arme. Aide-moi à les venger et à arrêter ce monstre. Je te confie mon corps… je n’ai pas vraiment le choix… »

Il tenait bon. Moi qui croyais l’avoir écrasé, il m’avait simplement cédé la place dans son propre corps en miette. Même si à présent, il semblait avoir totalement perdu conscience, me laissant seul aux manettes. Je raffermis ma prise sur mon arme. Sur moi-même en somme. Une idée me vint alors pour nous sortir de là. Comme j’avais vu la bête lancer une onde psychique pour paralyser, peut-être pouvais-je faire la même chose pour réanimer. Je regardai le corps du mage, étalé sur le ventre derrière la bête qui restait solidement ancré devant la sortie, prêt à bondir.

Je sentis une flèche fuser de moi vers le mage, suivit d’un soubresaut de son corps. Il se redressa et hurla un grand coup, comme s’il avait reçu un électrochoc. Le bruit fit sursauter la bête qui se retourna vers lui. Son attention était focalisée sur autre chose ! Je m’élançai vers la sortie, malgré des jambes qui menaçaient de faillir au moindre faux mouvement.

La bête se redressa et abattit sa gueule sur l’humain ressuscité. D’autres gueules, me voyant arriver, grognèrent à mon attention, mais j’arrivai à me glisser entre les pattes de l’animal et à m’engager dans le couloir de pierre. Celui-ci essaya de nous attraper, mais renonça rapidement. Intrigué, je le vis me jeter un regard moqueur. Ne cherchant pas à comprendre, je fis courir ce corps aussi vite et longtemps que je le pouvais. L’esprit du guerrier revenu un peu à la surface m’aida à m’orienter dans ce dédale sombre, m’évitant plusieurs fois une chute qui aurait pu être fatale à ce corps.

Le guerrier reprit conscience le lendemain. Sorti de la caverne, j’avais couru sans m’arrêter jusqu’à ce que le corps s’écroule de lui-même. Incapable de bouger, j’avais attendu un long moment avant que des hommes en caravanes ne viennent nous recueillir. Ignorant comment relâcher mon emprise, je gardai le contrôle de ce corps jusqu’à ce que son esprit d’origine ne m’en chasse de lui-même. Quand il reprit enfin connaissance, il était allongé dans une charrette, bardé de pansements de fortune. Il me chercha quelques instants à l’aveugle avant de me trouver. Il me souleva de son bras valide au-dessus de lui pour pouvoir m’observer

« Vous allez bien monsieur ?! demanda le médecin penché sur lui.

- J’ai vécu des jours meilleurs, mais je me croie tirer d’affaire. »

Il rajouta, à mi-voix :

« Je serais surement mort sans toi… 

- Il est normal de venir en aide à un homme blessé monsieur ! » répondit le médecin, n’ayant pas compris que ce n’était pas lui qu’il s’adressait.

Le guerrier observa ma lame. Le médecin lui demanda :

« C’est une belle épée que vous avez là.

- Oui… Elle est très efficace… »

Je sentais dans sa voix et dans ses tripes que la colère le consumait. Mais pas à mon égard. Il jurait en silence de détruire la créature qui avait emporté ses 2 compagnons d’arme. De toute évidence, j’étais encore en partie dans son esprit pour l’aider à rester conscient.

« Je m’appelle Garon… Enchanté ! 

- Berbis… Et votre arme, elle a un nom ? »

Garon leva les épaules, me demandant en silence de choisir celui que je voulais…

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